Une vie conditionnée par les sacrifices aussi bien psychologiques que financiers, mais toujours rythmée par l'espoir.

Yannick Coutheron revient sur les pas de son petit frère. Il montre ses dessins, les photos, les films et les témoignages familiaux : tout ce qui peut lui permettre d'immortaliser Etienne. "Je n'avais qu'un désir, celui de ne pas te voir sombrer davantage", confie-t-il. Le réalisateur n'apparaît jamais devant la caméra, mais demeure toujours présent. Partagé entre le soucis d'objectivité et la volonté de retranscrire ses sentiments, il livre avec beaucoup d'émotion le portrait d'une famille blessée, sans pour autant tomber dans le sentimentalisme.

Elodie Rouge

LE FIGARO

du 28/11/2002 - Rubrique Télévision et Radio

"Quoi après ?" C'est la question que se posait sans arrêt un petit garçon sans avenir, Etienne, handicapé moteur et mental, aujourd'hui décédé à l'âge de 16 ans d'une crise d'épilepsie. Dans le quatrième volet de la collection, "Six rendez-vous avec l'intime" diffusés sur France 5, Yannick Coutheron, jeune réalisateur, a voulu rendre hommage à ce garçon, qui n'est autre que son frère. Il retrace le destin de cet enfant et de ses parents, à tout jamais marqués par la souffrance. Toujours pudique, il dresse le portrait d'un homme et d'une femme qui ont consacré seize ans de leur vie à ce fils bien-aimé. Chacun fait part des interrogations qui règnent autour de cette cruelle absence.

Le père revient sur les opérations qu'Etienne a subies dès sa naissance pour tenter de soigner sa tumeur au cerveau. Il dénonce l'acharnement médical des docteurs qui savaient que le petit garçon aurait des capacités extrêmement limitées et qu'il était condamné à mourir jeune. "Trop jeune", déplore sa maman. Cette mère, rongée par la culpabilité, se demande si elle s'est réellement bien occupée d'Etienne.

Des questions qui la mènent à s'interroger sur la foi et la mort. L'idée du suicide pour retrouver son fils lui traverse l'esprit. Aujourd'hui, elle se décrit "anéantie". Pendant des années, la Famille Coutheron a vécu "entre paranthèses", pour pouvoir se consacrer pleinement à Etienne, le suivre partout en France au gré des centres où il pouvait être placé.